C’était il y a une semaine. C’était un weekend un peu particulier, intégré dans la communauté de ce qui est sans doute devenu en 10 ans un des plus gros projets open source : WordPress. Un projet qui vise (selon un de ses co-créateurs) ni plus ni moins qu’à démocratiser la publication en ligne (j’aurais envie de dire à libérer la publication de contenus en ligne).
J’en ai déjà parlé, je voulais voir comment l’entreprise et l’écosystème économique de WordPress allaient être représentés lors de ce rassemblement. Hé bien, j’ai été très agréablement surpris par ces conférences qui ont abordé sans fard les aspects business de WordPress. C’était exactement ce genre de démarche que j’attendais.
J’ai été aussi très heureux de retrouver les aspects traditionnels d’un WordCamp : news sur WordPress, retours d’expérience (dont un excellent projet BuddyPress espagnol), bonne humeur, entraide, idéalisme,…
Et surprise dans la surprise, une ouverture sur la communauté européenne (et oui, il y en a bien une) et, pour moi, un nouveau pas franchi dans les liens de la communauté francophone (effet voyage ?).
Voilà quelques zooms personnels sur des rencontres et des moments marquants.
Merci Vitaly
Première conférence : Vitaly Friedman nous parle des coulisses de son magazine en ligne : Smashing Magazine. Je suis Smashing Magazine quasiment depuis sa création et j’admire son évolution. Pour un amoureux du contenu, c’est un modèle. Et cette conférence m’a pris par surprise. En effet, sur le programme, elle s’intitulait Dans les coulisses de Smashing Magazine. Je m’attendais à ce que Vitaly nous explique comment il utilisait WordPress pour son magazine et ce qu’il lui avait apporté. Au lieu de ça, Vitaly a raconté l’histoire de Smashing Magazine, sans prononcer une seule fois le mot WordPress ! Depuis que je connais Smashing Magazine, je devine, parfois entre les lignes, les choix de son équipe. Ils m’ont souvent inspiré mais là, nous avons eu le avant, les petites histoires, les anecdotes, des photos, bref un trésor pour un fan. Vitaly a déroulé son histoire jusqu’à cette année (2013) où il a failli laisser tomber, lassé et frustré d’être accaparé par l’administration et à la recherche de quelque chose de nouveau. Il a raconté d’une manière assez émouvante comment il s’est remis au travail quand il a reçu un lettre d’un professeur sud-africain qui, sans réel moyen, utilise les articles de Smashing Magazine pour enseigner et suscite des vocations de web designer. La conférence en elle-même était un contenu, une histoire avec cette conclusion magistrale. Je ne sais pas si tout le monde a apprécié mais je dis chapeau à Vitaly pour avoir parlé de WordPress de cette manière, en l’effaçant complètement derrière ce qu’on peut faire avec.
Merci Kim
Kim est la seule personne que je connaisse qui a remplacé un astronaute (enfin presque) lors d’une conférence 😉 Sean Herron n’a pas pu venir à cause du shutdown qui paralyse l’état fédéral aux États-Unis. Du coup, Kim s’est livré à un exercice que j’adore, un retour des bonnes pratiques bien concrètes sur le marketing d’un plugin freemium (ici MailPoet, ex-Wysija.) Une mine d’or donné sur scène avec modestie et humour. Grand moment où la stratégie est dévoilée : on a tout pompé sur Woo. On se rappelle quand même que Wisy… euh non MailPoet, c’est plus de 600 000 téléchargements hein. Je tire aussi mon chapeau sur la réponse simple et directe à la question de la mort (le fameux argumentaire éclair) : « donnez-moi 3 arguments pour utiliser MailPoet au lieu de MailChimp ». Bravo !
Merci Noël
Impeccable. C’est le mot qui me vient quand je pense à la conférence de Noël Tock sur le service Happy Tables, encore un service que j’admire. là aussi il n’est pas nécessaire de prononcer le mot WordPress (ou peut être une fois) pour en parler. Noël nous a parlé de la conception de son service (ex. comment il a choisi la cible à adresser), des problèmes ergonomiques d’une interface d’admin, de la valeur ajoutée qu’il veut apporter à ses clients (avec en filigrane la compétition contre l’ogre WordPress.com). Bref un modèle de développement d’un service SaaS de niche avec WordPress.
Jdshfksdhkds ! J’ai raté la conférence de Joost de Valk…
… Mais j’ai lu l’article de sa femme et c’est l’article le plus brillant qui m’est été donné de lire sur la difficile cohabitation de l’open source et du business. Le sujet a été abordé en pointillés dans d’autres conférences (comme celle de Kim). Comment peut-on participer à la communauté tout en vivant de WordPress ? Et pour moi, comment les entreprises peuvent-elles et doivent-elle ne pas être simplement des free riders ? Lisez cet article ! Lisez cet article ! Lisez cet article !
Un mot sur l’évolution de WordPress
Andrew Nacin a présenté WordPress 3.7. Au-delà de l’exposé classique des fonctionnalités, on peut lire les grands mouvements qui anime le projet, en vrac et non exhaustif :
- Le croissance de la part de JavaScript dans le code source (pas mal pour un langage de script, ping les intégristes-il-y-a-10-ans :-))
- Une toute nouvelle gestion de la localisation qui amène une mise à jour des langues indépendante pour le noyau, les thèmes et les plugins
- La volonté de faciliter les mises à jour (mise à jour automatique à la Chrome ou iOS7)
- La perspective d’une documentation des hooks générée à partir du code source (enfin !)
On voit que le projet adopte petit à petit de plus en plus de bonnes pratiques industrielles et qu’il se soucie de la distribution de WordPress en perfectionnant WordPress.org.
J’ai noté aussi un petit choc des cultures entre les tenants d’un WordPress volontairement à contre-courant de l’industrie (lors du panel des agences WordPress ou dans les réponses de Matt Mullenweg) et les besoins plus traditionnels des entreprises (certification, convaincre avec les arguments de sécurité, montée en charge, etc…). C’est typique de ce projet. Il s’est construit sur ses propres bases avec une attention très forte envers les utilisateurs et du coup, il est un peu à part. En cela, il ressemble à Apple. Mais arrivera-t-on à convaincre les entreprises tellement habituées au discours formaté des DSI avec cette démarche alternative ? En tout cas, j’ai réalisé qu’il ne faut pas effacer le côté facile, centré utilisateur, beau, innovant, communautaire de WordPress quand on veut le faire adopter.
Les gens, les gens, les gens
.@benjaminlupu @WCEurope for me: the people, the people, the people #wceu
— Jenny Beaumont (@jennybeaumont) October 7, 2013
Y a pas que le business dans la vie. Ce qui fait la saveur d’un WordCamp, en apprendre toujours un peu plus sur WordPress et de parler de son avenir dans les conf ? Mais le WordCamp Europe, ça a été beaucoup (surtout ?) … les gens.
On parle trop souvent de la communauté WordPress comme une espèce d’argument pour convaincre que c’est un CMS crédible. Je vous garantis, après ce weekend, que c’est quand même autre chose que d’être intégré au sein de cette communauté et de brusquement comprendre que l’open source est bien un rassemblement humain hétéroclite, motivé, entrepreneur et solidaire.
Les gens, ce sont d’abord les Hollandais. C’est peu dire qu’on a été bien accueilli, dans le train où une dame n’hésite pas à nous rassurer sur la validité de nos billets en… français, dans la rue, les restaurants, l’hôtel et bien sûr les organisateurs et les wordcampeurs hollandais. Ce pays a une tradition d’ouverture d’esprit et d’hospitalité et ça a contribué à la magie du WordCamp.
Les gens, ce sont les wordcampeurs. C’est l’Europe, telle que je la veux : créative, inventive, innovante, partageuse, sans frontières imbéciles. Les échanges étaient naturels. J’ai apprécié la diversité : pays, âges, homme/femme, tech ou pas, débutants, experts.
@DeFries The one we saw this WE #noboundaries #openminded
— Benjamin Lupu (@benjaminlupu) October 7, 2013
Les gens, ce sont les francophones. C’est d’ailleurs vraiment amusant d’avoir resserré les liens de la communauté en voyageant ensemble (et bien sûr lors de la mémorable fête de samedi). Merci pour les discussions, les débats, les gigantesques rigolades, la solidarité. Avec une petite pensée clin-d’oeil à mes compères de Very French Trip et à nos américaines nationales 😉
La boite à idées
Passer un aussi bon moment, ça donne des idées ! Et même un paquet d’idées si j’en crois la conversation à bâtons rompus malgré la fatigue pendant le voyage de retour. On a qu’une envie, c’est de ne pas laisser tomber l’euphorie de ce rassemblement et de bâtir des « trucs » 🙂 ! Alors malgré nos jobs et nos vies, j’espère qu’on aura le temps d’en développer quelques unes.
Alors maintenant, vous avez peut-être compris que si nous n’avons pas beaucoup publié pendant l’événement, ce n’était pas forcément uniquement à cause d’un WIFI totalement grillé mais parce que c’était intense 😉
A bientôt !
Jenny Beaumont dit
« On a qu’une envie, c’est de ne pas laisser tomber l’euphorie de ce rassemblement et de bâtir des « trucs » ! » +1 😀
Grégoire Noyelle dit
C’est en cours 🙂
Grégoire Noyelle dit
Merci pour cette analyse. Je regrette d’avoir manqué Vitaly.
Je crois que nous sommes tous d’accord pour accorder une importance majeure au côté humain et l’accueil qui nous fut réservé par les hollandais n’a fait qu’amplifier ce phénomène. Une fois de plus un grand merci aux organisateurs.
La prochaine étape pour moi, c’est mon post!